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COMMENT vous appelez-vous ?

Pas de réponse.

— Comment vous appelez-vous ?

Pas de réponse.

— Comment vous appelez-vous ?

— Jacques… (Une hésitation, puis :) Reverdi.

Marc avait secoué le Chinois de l’hôtel pour récupérer un magnétoscope. Il contemplait maintenant les plus récentes images de l’assassin de Pernille Mosensen. La bande indiquait, en bas de l’écran : « February 11th, 2003. »

Crâne rasé, amaigri, vêtu d’une chasuble de toile verte, l’apnéiste était sanglé aux accoudoirs d’un fauteuil en acier, à l’extrémité d’une table. Sa voix était pâteuse, comme alourdie par les médicaments. Invisible à l’écran, un psychiatre l’interrogeait, en anglais.

— Savez-vous de quel crime on vous accuse ?

Pas de réponse. Reverdi ne semblait pas écouter : traits creusés, teint gris ; malgré le bronzage, sa peau se confondait avec ses cheveux ras, couleur de pierre. Il se tenait cambré sur son siège, muscles contractés. À la fois hébété et tendu comme un arc.

— De quel crime, Jacques ?

Marc se penchait sur l’écran pour mieux distinguer les yeux de Reverdi, mais la caméra était placée en hauteur. La qualité de l’image, médiocre, n’arrangeait rien. Tout ce qu’il vit – ou crut voir –, ce furent des pupilles dilatées, concentrées sur un point imaginaire.

Vous êtes accusé du meurtre de Pernille Mosensen. L’apnéiste tendit le cou, comme si son col le démangeait. Il attendit longtemps avant de répondre, en anglais :

— C’est pas moi.

— Vous avez été surpris sur le lieu du crime, auprès de la victime.

Silence.

La femme venait de recevoir vingt-sept coups de couteau. La voix du psychiatre n’était ni grave, ni aiguë – et aggravait le malaise. Reverdi parut déglutir. Ou réprimer un sanglot.

Marc s’attendait à contempler un monstre. Un masque d’épouvante. Il ne voyait qu’un fou. Grand. Beau. Et tragique. La voix reprit, toujours entre deux timbres :

— C’était votre couteau, Jacques. Silence.

— Vous étiez couvert du sang de cette femme. Silence, puis :

— C’est pas moi.

Marc ferma plusieurs fois les paupières pour rompre la fascination qu’il ressentait. Il observa le décor de la scène. Une pièce ensoleillée et dépouillée, qui aurait pu être une cellule de prison ou un bureau administratif, n’importe où sous les Tropiques. Seul, sur le mur de droite, un panneau vitré, destiné à visionner les radiographies, rappelait qu’on était dans un hôpital. Le médecin insistait :

— Vos empreintes étaient sur le couteau.

Reverdi s’agitait sur son siège. Ses poignets entravés se soulevaient, par saccades. Les veines jaillissaient sur le dos de ses mains. Il murmura :

— Pas moi. Quelqu’un d’autre.

— Qui ?

Pas de réponse.

— Qui d’autre aurait pu commettre ce meurtre ?

Reverdi conservait son regard fixe, vitreux, mais son corps s’animait de plus en plus. Comme si la démangeaison se renforçait. Dans un coin de l’image, deux infirmiers apparurent brièvement. Deux colosses, prêts à bondir – la tension montait. L’apnéiste répétait, d’une voix engluée :

— … autre… Quelqu’un d’autre.

— Quelqu’un d’autre… à l’intérieur de vous ?

— Non. Dans la chambre.

— La chambre ? Vous voulez dire… la cabane ?

Le médecin parla plus fort. Marc comprit enfin pourquoi ce timbre le troublait : c’était la voix d’une femme.

— La hutte était fermée de l’intérieur, Jacques. Personne n’était avec vous.

— La pureté. C’est la pureté.

— Quelle pureté ? De quoi parlez-vous ?

Ses avant-bras se levèrent d’un coup. Ses liens claquèrent. Les veines de ses mains semblaient près de fissurer la peau.

— Jacques ?

La psychiatre haussa encore le ton – sa voix frémissait :

— Qui, Jacques ? Qui était avec vous ?

Pas de réponse. Claquements des sangles.

— Quand on vous a découvert, vous étiez seul.

Pas de commentaire.

— Seul dans la cabane. Avec une femme lacérée de blessures.

Pas de commentaire.

— Pourquoi avez-vous fait ça, Jacques ?

— Cache-toi.

L’ordre avait été murmuré, en français. Un chuchotement à peine perceptible.

— Quoi ? demanda la psychiatre, en anglais. Qu’avez-vous dit ?

Reverdi dressa le cou. Les veines de sa gorge saillirent comme des racines arrachées à la terre. Ses lèvres s’ouvrirent. Une voix d’enfant en jaillit, affolée :

— Cache-toi. Cache-toi vite !

— Jacques, de quoi parlez-vous ? Qui doit se cacher ?

La femme avait compris la phrase française. L’apnéiste se cambra encore. Il releva le menton et toisa la spécialiste, mais à la manière d’un homme ivre, qui ne distingue plus rien.

— Cache-toi vite, papa arrive !

Le médecin se pencha. Son bras apparut dans le cadre : elle prenait des notes sur un bloc. Elle était voilée. De son autre main, elle fit un signe explicite à l’un des infirmiers : se tenir prêt pour une injection.

Elle reprit en français, avec un fort accent :

— Jacques, que dites-vous ? Expliquez-vous !

En guise de réponse, Jacques Reverdi ferma les paupières. Un rideau sur son théâtre intérieur.

— Jacques ?

Aucune réponse. Son visage s’étira, se creusa, pâlit. Ses orbites devinrent des trous noirs. Ses lèvres s’effilèrent comme des câbles.

La psychiatre jeta son bloc et se précipita. Elle plaça deux doigts sur la gorge de Reverdi et se mit à hurler en langue malaise. Branle-bas de combat dans la pièce. Un infirmier attrapa un masque respiratoire, un autre une seringue. Marc ne comprenait rien.

Alors, la femme en tudung empoigna la tête de Reverdi et lui cria en français :

— Respirez, Jacques. RESPIREZ !

Un infirmier passa devant l’objectif, bouscula la caméra – tout se brouilla.

Écran noir.

Marc stoppa le magnétoscope, puis appuya sur la touche de rembobinage. Il était en sueur. Pour ne pas perdre un mot de la bande, il n’avait pas mis la climatisation. Il était sidéré par ce qu’il venait de voir. Une fenêtre ouverte sur la folie du tueur.

Les dernières secondes, surtout, le bouleversaient. L’apnée. Reverdi se réfugiait dans l’apnée. C’était une fermeture, une carapace qui le protégeait du monde extérieur.

Cela allait même plus loin. En retenant sa respiration, Reverdi se préservait non seulement du monde extérieur, mais aussi de lui-même. De ses voix intérieures. Submergé par un souvenir, ou une hallucination, il avait cessé de respirer. « Cache-toi vite, papa arrive. » Qu’est-ce que cela signifiait ?

Marc s’assit sur son lit et réfléchit encore. Le père était le grand absent du destin de Reverdi. Né de père inconnu : les biographies ne mentionnaient jamais la moindre figure paternelle. Pourtant, le tueur avait prononcé cette phrase incompréhensible – d’une voix de petit garçon : « Cache-toi vite, papa arrive ! » Comme si tout à coup, il revivait une émotion précise…

Marc regarda sa montre : huit heures du matin. Soit une heure du matin à Paris. Il chercha dans son agenda électronique les coordonnées personnelles de l’archiviste du Limier. Jérôme. L’homme ne dormait pas.

— T’as vu l’heure ? marmonna-t-il.

— Je suis en voyage.

— Où ?

— Malaisie.

Jérôme ricana :

— Reverdi ?

— Si tu en parles à Verghens, je…

— Je ne parle à personne.

Il disait vrai. Enfoui dans ses archives, l’archiviste ne s’exprimait que lorsqu’on le sonnait. Marc prit son ton le plus doux :

— Je me demandais… Tu pourrais vérifier quelque chose pour moi ?

— Dis toujours.

— Je voudrais que tu cherches dans le dossier Reverdi – il est bien né de père inconnu ?

— Oui. On a seulement l’identité de la mère. Monique Reverdi.

Pas une hésitation. La mémoire de Jérôme valait tous les ordinateurs. Marc continua :

— Tu pourrais contacter la DDASS, pour identifier le père ?

— On n’ouvrira jamais le dossier pour nous.

— Même avec tes contacts ?

— Je peux essayer. Mais les chances sont faibles.

— Y a-t-il aussi un moyen de savoir si Reverdi a lui-même fait cette démarche pour connaître le nom de son père ?

Jérôme rit une nouvelle fois :

— Ça, c’est dans mes cordes.

— Envoie-moi un mail quand tu auras l’info.

Marc le remercia et raccrocha. À cet instant, la nausée se rappela à son souvenir. Son corps n’avait plus aucun repère temporel, son organisme avançait en crabe, entre la nuit qu’il avait manquée et celle qui se déroulait en France. La faim aiguisait encore son malaise. Il aurait dû manger, ou s’écrouler, mais la petite voix d’enfant, terrifiante, revint tinter à ses oreilles. Il revit le visage minéralisé, au bout des veines tendues de la gorge. Il avait besoin d’un café.

L’hôtel ne disposait pas de service d’étage. Marc descendit au rez-de-chaussée, où était installé un distributeur d’eau brûlante. Pas de sachet de Nescafé. Il dut se rabattre sur le thé – un pauvre Lipton sans saveur, qu’il fit infuser très longtemps. En jouant au pendule avec son sachet, il tentait d’ordonner ses pensées.

Le voyage promettait d’être efficace. Moins de vingt-quatre heures qu’il était en Malaisie et il accumulait déjà les découvertes. La technique de la saignée. Le nouveau profil de Reverdi, le « tueur organisé ». La quasi-certitude que Linda Kreutz avait subi le même supplice. Le détail du sucre, qui orientait les soupçons vers un éventuel vampirisme…

Et maintenant cette voix d’enfant qui laissait deviner un traumatisme paternel. Encore une fois, Marc revit le visage creusé, figé de Reverdi qui ne respirait plus. Le secret du tueur était de l’autre côté de ce masque.

À cette idée, il songea à Élisabeth. Il allait presque oublier d’écrire à Reverdi. Il balança le sachet dans la poubelle et remonta l’escalier. Dans sa chambre, il brancha la clim à fond et se mit au travail, tout en engloutissant deux parts de cake qu’il avait piquées près de la machine.

En quelques minutes, il trouva les mots, les tournures, la « musique » de l’étudiante. Après la nuit qu’il venait de passer, après ces heures d’investigation dans la peau de Marc Dupeyrat, cela tenait du prodige. Le plus étrange était qu’il prenait un ton enjoué : malgré le sujet, malgré la violence, l’étudiante était fière de ses découvertes.

Élisabeth raconta « sa » rencontre avec le médecin légiste. Le corps rincé de Pernille. Le réseau des veines : le Chemin de Vie. Au fil du message, Marc opéra une censure. Il n’écrivit pas un mot sur les autres indices. Le sucre. L’apnée. Le père.

Le système fonctionnait toujours à deux vitesses.

Élisabeth ouvrait le chemin, Marc approfondissait.

Il envoya son e-mail. Il éprouvait un sentiment de puissance. Pour l’instant, il contrôlait la situation. Mais il ne pouvait étouffer son trouble face à son étrange parcours : s’incarner dans une femme pour s’identifier à un homme. Être Élisabeth pour devenir Reverdi. Il y avait vraiment de quoi devenir schizophrène.

À cette idée, il s’endormit, tout habillé, sur son lit.

 

La Ligne noire
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